Colloque Questions et pratiques d’humanisation : regards interdisciplinaires

Le colloque Colloque Questions et pratiques d’humanisation : regards interdisciplinaires est co-organisé par Olga Akou (doctorante UBM), Jean-François Dupeyron et Jacques Quintin (université de Sherbrooke).

Il aura lieu à l'université de Montréal les 8 et 9 mai 2023, dans le cadre du 90e Congrès de l'ACFAS.

 

Présentation

Ce colloque interroge les pratiques d’humanisation, entendues comme ce qui humanise, rend humain, apporte de l’humanité. Elles concernent des dimensions très générales de la vie humaine (l’éducation, la socialisation, la transmission, la relation) et des activités situées (la construction éthique, les relations sociales et professionnelles, la médecine…). Certes, la notion d’humanisation peut relever du pléonasme, car toute activité humaine, y compris la plus cruelle et déréglée, est… humaine. « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage », rappelait Montaigne pour condamner le rejet des « autres » dans la sous-humanité.

Mais ce pléonasme apparent désigne aussi une tâche qui, peut-être, définit l’humain : tenter de réaliser une certaine idée de soi, porteuse de principes dits « humanistes », pour que les sociétés, les milieux professionnels, les relations internationales, tempèrent leur violence potentielle grâce à des pratiques respectueuses de la personne. Il s’agirait par exemple « d’humaniser » la médecine ou l’économie afin que ces activités ne finissent pas, paradoxalement, par nier l’humain, comme si le meilleur ennemi de l’humain était lui-même.

Nous étudierons des exemples tels que : les arts dans la formation médicale pour l’humanisation des soins et la reconnaissance des « questions existentielles » ; l’expérience esthétique dans la relation thérapeutique comme reconnaissance intersubjective ; le souci de politiques éducatives visant l’humanisation, et non une simple « humanitarisation » que dénonçait Freire et que les études décoloniales ne cessent de révéler ; un modèle d’éducation humanisante, propre à Tim Ingold, et aligné sur l’anthropologie ; la confrontation des soignants au mystère de l’Autre lors des fins de vie ; la prise en compte des inégalités sociales dans l’humanisation du travail social ; l’humanisation du système carcéral par l’art et la culture ; l’attention au sujet existant ; l’art participatif et décolonialisé, etc.

 

Appel à communications

Le colloque sera organisé en présentiel et en ligne. Les propositions de communication peuvent décliner la notion d’humanisation dans le secteur professionnel et social de leur choix, et avec des ancrages disciplinaires variés. Il s'agit dans tous les cas d'abonder la réflexion sur la notion d’humanisation car celle-ci semble être pleinement d’actualité dans une période marquée par de nombreuses tensions liées à la dureté du modèle économique néolibéral, à la montée alarmante des risques globaux (sanitaires, militaires, alimentaires, terroristes, écologiques, nucléaires…), à l’hégémonie d’une raison instrumentale et technocratique peu ouverte au foisonnement multiple de l’humain, et à l’essor d’idéologies ethno-nationalistes dont le ressort principal a toujours été de déshumaniser les « autres ». Ce qui était un luxe philosophique (se demander ce qu’est un « humain ») est devenu l’expression d’une situation globale, accrue par l’interconnectivité croissante des sociétés. Aujourd’hui, se demander ce qu’est l’humanité et comment la préserver dans nos vies et nos sociétés relève d’une interrogation fondamentale et d’enjeux vitaux.
Or, pour prendre un exemple, les activités relevant du care (définies par Joan Tronto comme « tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ») sont fréquemment conditionnées par des dogmes technocratiques et financiers, sans référence pratique à la question de l’humain. De nombreux métiers, notamment ceux qui engagent fortement un souci d’humanisation (santé, social, éducation), sont donc fréquemment affectés par des phénomènes de souffrance et d’anomie professionnelles, par des crises du recrutement et des pertes de vocation, ou encore par des postures
cyniques de retrait professionnel, en des processus que la pandémie de 2020-2022 n’a fait qu’aggraver, comme le montre par exemple actuellement en France la crise des effectifs au niveau des personnels soignants de l’hôpital public. Sur tous ces points, le souci d’une réhumanisation des métiers et des relations semble être un secteur à considérer avec attention. « Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m’est étranger », disait déjà le poète latin Térence au IIe siècle av. J.-C…

Les conférencières et conférenciers seront accueillis par les co-responsables du colloque en fonction de leur lien avec cette problématique. L’approche interdisciplinaire qui a été retenue n’exclut par principe aucun champ de connaissance et d’activité.

Les propositions, comportant un titre et un résumé de 1500 caractères espaces compris (au maximum), ainsi que quelques éléments de CV, doivent être envoyées aux adresses des co-responsables du colloque :
Kochie.akou@u-bordeaux.fr  
Jean-francois.dupeyron@u-bordeaux.fr 
Jacques.Quintin@USherbrooke.ca 

 

Date limite de réception des propositions : 13 février 2023. Les organisateurs transmettront une réponse au plus tard le 1er mars 2023.