Troisième édition de la Biennale tournante Internationale de Philosophie et des Sciences de l’éducation de Brazzaville

Date : 22 novembre 2024

Troisième édition de la Biennale tournante Internationale de Philosophie et des Sciences de l’éducation de Brazzaville

Cette 3ème édition se tiendra en Côte d’Ivoire, à Abidjan les 20, 21 et 22 novembre 2024 en mode hybride (présentiel & distanciel).
Lieu : Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP) d’Abidjan.

Thème : « Penser la formation et l’éducation face aux défis du XXIème siècle. »

Le risque de péril de l’humanité qui ne semblait, il y a encore quelques siècles, qu’une vue
de l’esprit, est aujourd’hui devenu une hypothèse crédible. On ne doute presque plus que
l’activité humaine, notamment moderne, mue principalement par une logique instrumentale
(une volonté de maîtriser, de cumuler, de s’approprier, une compétition effrénée à détenir
le premier et le mieux ce qui, paradoxalement, nous anéantira : l’arme nucléaire, chimique,
etc.) nous expose à plusieurs risques. Celui de notre propre péril et celui de la déformation
et du déséquilibre des écosystèmes de notre environnement desquels nos vies pourtant
dépendent. À ce titre, avec son langage spécifique, Heidegger a bien qualifié ces risques
d’« époque de la dévastation ». Elle résulte de la « désertation », sous la domination de
la raison instrumentale, de la question de l’être ou de notre impossibilité de penser et «
d’établir notre séjour dans le monde de l’esprit ». Pour lui, « l’homme d’aujourd’hui, qui a de
la peine à se faire à l’idée que sous l’apparence d’une vie de plus en plus assurée, d’une vie
de plus en plus intense, c’est un abandon – si ce n’est même un empêchement – de la vie qui
pourrait advenir. » (Heidegger,2006, p.29).

L’emprise de cette logique instrumentale nous a rendu tellement aveugle qu’on ne se soucie
plus ou peu de penser et savoir « regarder vers l’idée à laquelle correspondent [nos] activités.
» (Anders, 2002, p.325). À l’école, comme dans d’autres institutions de formation, l’injonction
des politiques éducatives, elles-mêmes pénétrées par les logiques de l’économie du marché,
incitent plus que jamais, à former principalement à l’acquisition des compétences dont a
besoin le marché du travail. Ainsi, ce marché est devenu la référence clé pour toute formation
dite qualifiante, professionnelle. Dès lors, ces formations professionnelles sont plus que
jamais orientées sur l’acquisition des contenus ou des méthodes qui rendent l’adaptation
socio-économique du formé possible mais s’attardent moins sur la valeur formatrice de
l’activité (Fabre, 2015, p.40).

Il en résulte que ces préoccupations adaptatives immédiates avec leurs visées souvent
opératoires ou opérationnelles sont aujourd’hui le principal mobile justifiant la nécessité
de formation. Elles nous rendent comme aveugles à cette idée pourtant éclairante : l’action
et la fabrique humaines, ont longtemps été décrites depuis Platon jusqu’à Heidegger
comme le fait de considérer une idée (une finalité) et de la réaliser par son activité ou son
travail (Anders, 2002, p.325). Malheureusement ce fonds ontologique et éthique qui jadis
permettait de mettre en lumière dans chaque activité humaine le rapport moyens-fins a été
subrepticement démantelé par cette logique instrumentale à l’oeuvre. Cet aveuglement à
la finalité de son activité ou de son travail est devenu la caractéristique de notre actualité,
ce qui contribue à rendre difficile la possibilité de penser et d’entretenir un juste rapport au
monde, aux choses et aux autres. Cette difficulté nous éloigne, dès lors, de notre capacité
d’entrer en résonance ou dans un rapport évocateur avec le monde, les choses et les
autres, ce que Rosa appelle « l’emmétamorphose »1. De ce constat, émerge ici pour nous, la
nécessité de questionner à nouveaux frais, les notions de « formation » et d’« éducation »
car c’est bien, écrivait Kant, dans « le problème de l’éducation que gît le grand secret de la
perfection de la nature humaine » (Kant, 1981, p.38).

Axes de travail
Il est ici attendu de chacune, de chacun qu’elle/il identifie et indique clairement l’axe de travail
sur lequel elle/il inscrit sa réflexion. À savoir :
Les enjeux, les contenus et les finalités de l’éducation et de la formation face aux défis du
XXIème siècle.
La formation professionnelle et les injonctions de l’économie du marché.
Les compétences sont-elles les seules et les meilleures finalités d’une action éducative et
formatrice ?
Formation et employabilité.
La formation de l’adulte et les enjeux de l’éducation tout au long de la vie : réforme des
curricula.
La raison instrumentale à l’oeuvre dans les formations professionnelles et l’aveuglement à
la finalité de son travail.
Former et éduquer notre imagination morale : se rendre capable de ressentir, de pressentir
et d’élargir notre horizon temporel.

Bibliographie
- Anders G. (2002). L’Obsolescence de l’homme. Paris, éditions de l’encyclopédie des
nuisances, éditions IVREA.
- Fabre M. (2015). Penser la formation. Paris, édition Fabert.
- Hadot P. (2004). Le voile d’Isis. Essai sur l’histoire de la nature. Paris, Essais Folio.
- Heidegger M. (2006). La dévastation et l’attente. Entretien sur le chemin de campagne.
Paris, Collection Infini, Gallimard.
- Kant E. (1981). Traité de pédagogie. Paris, Hachette.
- Kerlan A. (1998). La science n’éduquera pas. Comte, Durkheim, le modèle introuvable. Paris,
Peter Lang S.A. Editions scientifiques européennes.
- Rosa H. (2022). Pédagogie de la résonance. Paris, Le Pommier.

 

Format des propositions de communication
Il est demandé un résumé de texte, écrit en français, d’environ 300 à 500 mots + 5 mots-clés,
comprenant une courte indication bibliographique. Il est important d’indiquer le ou les axes de
travail dans le (s)quel(s) votre proposition de texte s’inscrit. Sans oublier, une courte présentation
de l’auteur (e) (3 lignes maximum) dans laquelle figure son nom et prénom, son statut, son adresse
électronique et son numéro de téléphone. L’ensemble ne doit pas excéder deux pages.
La date limite d’envoi de propositions des textes est fixée au 25 mai 2024 à minuit.
Ces propositions doivent être envoyées en même temps au quatre adresses mails suivantes :
- KONE Koko : kokosiaka@yahoo.fr
- BENIE Aloh Hillarion : benie.mh1@gmail.com
- KOUTOU N’guessan Claude : nkoutou2018@gmail.com
- GAMBOU Alfred Romuald : alfredgambou@yahoo.fr
La date d’évaluation des textes par le comité scientifique est prévue pour le : 25 juin 2024. La date
de réponse aux auteur.e.s est fixée au 30 Juin 2024. La date d’envoi des articles finalisés (40.000
caractères maximum espace et bibliographie compris, aux normes APA, 7ème édition) est fixée au
15 octobre 2024 à minuit.